Hyménoptères
ANTHIDIES Juillet à septembre 2011 - Juillet 2012
Anthidium septemspinosum et Anthidium manicatum
Anthidium septemspinosum
L'Anthidie. [Anthidium septemspinosum -Hymenoptera Apocrita Megachilidae-] (Carder Bee)
(Paru les 8-9-10-11 juillet 2012)Dans la brosse encore...
J'aime bien observer ces costauds, quelque peu brutaux parfois, vous verrez...
Elles appartiennent à la même famille, les Mégachilidés et récoltent aussi le pollen sur leur brosse ventrale.
Je ne vous les ai pas encore présentées ici.
Juillet et les voila de sortie. Je vous propose de passer un
moment en leur compagnie.
Celle-ci c'est Madame Anthidium
septemspinosum, sur Epervière (Heracium,
Asteracés).
(Paris030712-juillet)
Débutons par Madame donc...
Madame Anthidium septemspinosum (1)
L'Anthidie.
[Anthidium septemspinosum
-Hymenoptera Apocrita Megachilidae-]
(Carder Bee)
Cette solide abeille au dessin noir et jaune, est une Anthidie.
Ce sont des abeilles solitaires, des Mégachilides, les femelles disposent d'une brosse située sous l'abdomen pour la récolte du pollen.
Ce sont, suivant leur espèce, des abeilles
"cotonnières" qui construisent leur nid avec des fils
tirés des végétaux, ou des abeilles
"résinières" qui utilisent de la
résine
mélangée à du sable, des graviers pour
construire
leurs cellules..
Celle-ci, Anthidium septemspinosum est une cotonnière.
Une femelle ici sur grande Bardane. Pattes noires, 6ème tergite noir, thorax noir, une abeille assez sombre. Les Anthidies comptent 14 espèces en France dont 2 résinières.
(11-12mm)
Femelles
encore sur ces deux photos. La femelle
dispose sous l'abdomen d'une brosse à pollen que l'on
entrevoit ici. Brosse difficilement visible car la femelle garde
souvent l'abdomen recourbé.
La Dame encore avec sa brosse peut-être plus visible, brosse
qu'elle ira secouer dans sa
cellule pour constituer les réserves de ses petits.
Au tour de Monsieur...
Monsieur Anthidium septemspinosum (2)
Voici
Monsieur. Lui c'est un gros dur. Toujours
dans la bagarre. Les gnions il connaît, il en
reçoit et il sait en donner.
Et il est bien
armé pour cela. Il dispose
d'épines
à la pointe de l'abdomen.
(15mm)
Trois à
l'extrémité du dernier tergite et deux fois deux
sur les côtés
comme on arrive à le voir un peu ici. Des armes redoutables.
Sept épines
(septemspinosum).
Note: même si elle a sept épines, ne pas
confondre, ce n'est pas
ici,
l'Anthidie à sept dents, qui, elle, est A. septemdentatum
et qui
a les pattes jaunes. Cette dernière est
résinière et s'installe dans les coquilles
d'escargots.
Impressionnant, une véritable arme pour déchirer.
Le voici en action sur la Grande bardane (Arctium lappa) toute
en fleur, en ce mois de
juillet.
Un intrus venu manger mes fleurs! Sus! Je vais lui faire voir moi! Il arrive en droite ligne et bouscule l'adversaire qui tout occupé à se rassasier ne l'a pas vu venir. Allez zou! dégage!
Il ne supporte personne aux alentours, je l'ai vu se précipiter sur cet autre mâle (on distingue ses épines), qui a osé poser un instant une patte sur une fleur. Il arrive tête la première et vlan, bouscule l'intrus, décolle, et recommence, nouveau coup, et encore, jusqu'à ce que ce dernier déséquilibré, lâche prise. Il essaye de le découper avec ses épines de l'abdomen. Bien des ailes déchirées dans ces combats. Ces deux là ont fini par s'envoler quelques mètres plus loin, en se battant, l'un poursuivant l'autre, puis l'un d'eux est revenu vers le pied de bardane, le gagnant des fleurs mais aussi de toutes les femelles attablées un peu partout sur son territoire.
Il agresse ainsi tous les autres mâles mais je l'ai vu poursuivre tout aussi hargneusement de placides bourdons et de tranquilles abeilles et les culbuter de la même manière. Si vous n'avez pas compris, tout le pied de Bardane, c'est à lui!
En fait, il défend énergiquement un territoire pourvu de fleurs où viennent s'approvisionner ces dames. Alors il tient à conserver son espace floricole.
Monsieur et Madame Anthidium septemspinosum (3)
Mais il n'est pas plus tendre avec ces dames! L'approche ressemble fort à son attaque des autres mâles.
Il procède tout aussi violemment avec toutes les femelles qui s'arrêtent sur son territoire. Il arrive avec une telle délicatesse que certaines malheureuses ont du mal à rester en place et sont culbutées hors de la fleur.
Au moins, on peut alors admirer la brosse couleur miel de la femelle.
Combats et accouplements sont incessants, entrecoupés tout
de
même, de quelques instants de repos et de ravitaillement pour
les
mâles.
Encore et encore...
C'est rapide! Cinq secondes et il passe à la suivante...
Plus de douceur avec les femelles, attablées sur la Grande
bardane.
Elles
ne sont pas faciles à prendre dans ces conditions car elles
restent la tête dans la fleur et en boule.
Pas d'épines pour elles.
Encore quelques photos...
Petit
coup d'œil sur ses jolies mandibules
Au passage, on peut
remarquer les ailes déchiquetées de
ce mâle.
On peut distinguer une épine de son abdomen, sinon le nombre
d'articles de l'antenne
permet de savoir que c'est bien un mâle.
L'Anthidie est assez facilement reconnaissable en vol. En effet, elle
vole
vite et tout droit, en longue ligne de vol avec de temps en temps un
changement de direction net, souvent à angle droit.
L'apparence est
celle d'un insecte sombre, on voit mal le
jaune en vol.
Une petite dernière sur ses beaux yeux.
Détails de l'aile.
(Paris07-08-0911-juillet
à septembre)
La pouponière, Anthidium septemspinosum (4)
Cotonnière, elle fabrique les cellules qui accueilleront sa
progéniture avec des morceaux de
végétaux, des poils qu'elle arrache à
diverses plantes.
Nous sommes fin août. Elle est ici occupée
à racler les feuilles du
Cinéraire avec ses mandibules.
Elle constitue ainsi des boules, qu'elle emporte serrées
contre elle.
On voit la boule blanche contre son abdomen qu'elle maintient
recourbé.
Elle est prête ici à décoller pour
s'envoler vers
son nid. Nid situé au sol sous des cailloux par exemple,
dans
des fissures du sol, dans des trous du bois ou encore dans les tiges
creuses de plantes. Celle-ci s'est envolée loin, et je n'ai
pas
pu la suivre. Elle va ainsi "tricoter" une petite cellule bien
douillette, un petit dé, où elle emmagasine
nectar et pollen
qu'elle brosse de son abdomen dans la cellule. Puis elle y pond un
œuf, bouche la cellule et entame la construction de la
cellule
suivante près de la première. Finalement elle
cache
l'entrée de son nid avec un caillou, un morceau de bois.
Sa cellule est plus douillette que celle des résinières où la résine est mêlée de graviers.
(Paris310811-août)
(Paru les 12-13 juillet 2012)
Anthidium manicatum
L'Anthidie à manchettes. [Anthidium manicatum -Hymenoptera Apocrita Megachilidae-]
Un grand pied d'Epière en pleine fleur fait les
délices de celui-ci. Une autre Anthidie.
C'est l'Anthidie à manchettes, Anthidium manicatum.
Chacun chez soi. Tous les A. septemspinosum se trouvaient ce jour là, sur la Bardane, et les Anthidies à manchettes sur les lamiers.
Sur Epîère (Stachys officinalis).
Un mâle à gauche.
Ou sur Sauge des bois (Teucrium
scorodania).
Une femelle à droite .
(Paris2-90712-juillet)
En 2011, je n'avais réussi à voir que le mâle en fin d'été. Cette année 2012, les deux espèces d'Anthidies étaient présentes en même temps, la première semaine de juillet.
C'est Monsieur qui s'est montré le premier l'an passé alors lui d'abord...
Monsieur Anthidium manicatum
Celle-ci
délicatement
endimanchée dans sa fourrure blanche, c'est l'Anthidie
à manchettes, A.
manicatum.
L'Anthidie
à manchettes. [Anthidium manicatum
-Hymenoptera Apocrita Megachilidae-]
Un mâle ici et que des mâles en fait dans cette
première partie de page.
Je n'ai pu trouver une seule femelle cette année là.
Il est armé de longues épines aussi aux deux derniers segments de l'abdomen. Cinq en tout pour lui, réparties en 3 épines sur le dernier tergite et 2 sur le précédent, et elles sont bien acérées.
Il manque la moitié d'une aile à ce mâle à gauche, abimée probablement lors d'un dee ses multiples combats.
Ils possèdent une douce fourrure blanche mais les
mâles sont tout aussi
hargneux
que les précédents. Ils se bagarrent tout autant
et
savent se servir de leurs dangereuses armes pour déchirer
les
ailes des rivaux ou les ailes d'autres espèces comme le
paisible
Bourdon et l'Abeille. Les épines de l'avant dernier tergite,
sont d'ailleurs recourbées
vers
l'extérieur.
Nous sommes fin août. Je ne sais pour
quelle raison, je n'ai pu voir une seule
femelle, mais il y avait un bon nombre de mâles. Et ils
étaient bien
calmes, se faisant dorer au soleil. Ce n'est pas le cas en ce moment,
début juillet où ils n'arrêtent pas de
patrouiller autour des femelles
(voir l'épisode suivant).
Ils sont d'une belle taille. 18mm pour le mâle, c'est l'une
des
plus grosses Anthidie, la femelle est plus
petite, 11-12mm.
Comme l'autre, cette Anthidie est une cotonnière.
C'est une abeille à longue langue.
Séance de nettoyage, dans la chaleur de la pierre, et jolies
mandibules, denticulées.
Cette Anthidie est moins sombre que la
précédente. Pour ce
mâle, deux
traits noirs divisent la partie jaune des premiers tergites. Ces traits
sont plus ou moins continus. Les premiers tergites sont plus ou moins
jaunes. En effet, attention car le dessin des
Anthidies peut être variable et ils peuvent comporter plus ou
moins de jaune.
Même en étiquette elles
les aiment...
Sur l'étiquette de l'une des familles de leurs plantes favorites... les Lamiers, Lamiaceae (lavande, menthe, romarin, thym, sauge, lamier, bugle). En plus de la bardane où les Anthidies, Anthidium septemspinosum, étaient très nombreuses pendant toute la floraison, les Anthidies apprécient aussi les Fabacés (acacia, mimosa, trèfle, soja, lupin, genêt, luzernes, gesses, cytise, haricots, pois).
Appréciez
au passage, les beaux piquants.
Tiens?
Aussitôt que quelque chose est là et ne bouge pas, les Gendarmes, en bonnes punaises, viennent voir, c'est peut-être comestibles? Non, pas de risques, juste un instant de repos pour cette Anthidie à manchettes.
(Paris fin août-septembre2011)
Et début juillet 2012, voici la dame...
Madame Anthidium
manicatum
(suite 2012)
Voici
enfin la femelle Anthidie à manchettes.
Si le mâle est très
caractéristique, il n'en est pas de même
avec la femelle.
Avec ses 11mm, elle est nettement plus petite que son gros macho de
18mm.
Son dessin noir et jaune ne reprend pas le dessin bien
caractéristique du mâle, il est beaucoup plus
simple et ressemble à d'autres
espèces. A la simple vue de l'abdomen, on peut la
confondre avec d'autres espèces d'Anthidies.
Néanmoins, on remarque aisément ses pattes de
trois couleurs.
Elles sont principalement de couleur jaune, rouge au niveau du fémur et noire au-dessus.
D'autre part son thorax est souligné d'un trait jaune fin qui semble lui être propre.
Une vue des derniers tergites.
Pour comparer, voici une femelle A. septemspinosum à droite. On voit comme elle est beaucoup plus sombre que l'Anthidie à manchettes.
Cette
mauvaise photo à gauche, permet de voir l'attitude en vol et
de constater que l'on
peut distinguer le rouge du fémur.
Au passage, remarquez la belle langue...
Langue qui lui permet de butiner les fleurs à corolles profondes comme celles-ci.
Ici, on distingue la brosse très claire de la femelle sous l'abdomen.
Monsieur et Madame
Anthidium
manicatum
Evidemment ceci est un autre moyen infaillible de reconnaître
la femelle...
Attendez que son délicat soupirant la repère (ce ne sera pas long!), aussi attentionné que l'autre Anthidie, il aura tôt fait de littéralement lui sauter dessus! Parfois la dame, pas décidée, le voit arriver et réussit à s'enfuir mais généralement pas pour longtemps.
Il est très grand et elle disparaît entre ses
pattes.
Le voici d'ailleurs, lors d'un court instant de repos. Il est bien
agressif et
décidé à defendre son territoire.
Sur ce bout de territoire, j'ai vu trois femelles occupées à se nourrir et ce mâle. Un instant un deuxième mâle est apparu aussitôt éconduit.
Lui patrouillait son coin, passant et repassant entre les tiges et fondant d'un seul coup sur une femelle. Quatre, cinq secondes plus tard, il reprend sa ronde infatigable pour rejoindre d'autres femelles.
Ce n'est pas un petit territoire qu'il s'est attribué et qu'il défend, c'est un grand pied d'Epière (Bétoine, Stachys officinalis). Bien sûr, comme la Bardane pour l'autre Anthidie, ce pied et toutes les femelles qui s'y trouvent, c'est tout pour lui et il ne se fait pas prier!
(Paris02-090712-juillet)
En 2011, j'ai vu voler A.
manicatum jusqu'à mi septembre.
Et fin septembre, je voyais encore, A. septemspinosum s'accoupler. Nous sommes le 30 septembre ici à gauche. Ils sont cette fois, sur Scabieuse.
La femelle aura encore le temps de constituer des réserves et de pondre. Les larves, protégées par leur cocon, passent l'hiver dans les cellules et les nouvelles abeilles en sortent au printemps.
Et pour finir, un petit passage chez les
résinières. (Mason ou
Potter bees)
Comme A.
strigatum.
Elle construit sa cellule avec de la résine
mélangée à du gravier, des morceaux
durs, cellules
construites sous les pierres, dans des trous, dans des talus
ensoleillés. Puis
la suite est la même que pour la cotonnières, elle
la
remplit de
pollen, de nectar et y pond un œuf. Enfin, elle referme la
cellule et construit la suivante. La
larve se développe, puis elle tisse un cocon et passe
l'hiver
dans sa cellule. La
nouvelle abeille sortira de sa cellule au printemps suivant.
(Guide des Abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d'Europe. H.
Bellmann)
L'appellation de "cotonniers" fut employée la première fois par J.H. Fabre, qui a beaucoup observé les Anthidies, pour les cardeurs de coton. On retrouvera ces belles Anthidies, dans ses toujours délicieux "Souvenirs entomologiques Tome 1 Chap VIII", suivi des "résiniers".
2 décembre 2012 août
Kit pattes libres...
Pour ses soins, ce mâle Anthidie a préféré une fleur, du moins une partie fanée de la fleur qui lui offre un bon support.
Anthidie. [Anthidium septemspinosum -Hymenoptera Megachilidae-]
(12mm)
(Paris250512-mai)
Juste comme çà... On enserre fermement le morceau de fleur avec ses fortes mandibules et çà tient. Cela tient tellement solidement que certaines passent même la nuit, accrochées ainsi.
(Paris220812-août)